Borom Darou, l’Aspirant Véridique !
Il est très difficile de faire le portrait de Borom Darou, cette figure emblématique de la Mouridiyah du fait de la complexité du personnage, de ses dimensions spirituelles hors normes et des responsabilités qu’il assumait auprès de Serigne Touba.Borom Darou porte le nom de Thierno Ibrahima Kane « AlFoutiyou » en hommage à celui auprès de qui, son vénéré père Mor Anta Mbacké renouvela le Wird khadre après qu’il l’eut reçu de Samba Toucouleur ka (Son cousin). Mame Thierno naquit en 1865 à Porokhane coïncidant ainsi avec la bataille de Paté Badiane opposant l’armée de Almamy Maba Diakhou Ba et celle de Pinet laprade. Ce contexte historique doublé de la noblesse de la descendance imprimaient déjà à Mame Thierno la bravoure royale et le courage contre les hostilités des envahisseurs et ennemis de l’islam ainsi que leurs laudateurs «ceddo».Mame Thierno fit ses humanités auprès de son frère aîné et tuteur Serigne Touba, dont il devint le bras droit incontestable, bien avant l’avènement de la Mouridiyah. Très tôt, il nourrit un amour inconditionnel et un attachement teinté d’une complicité siamoise avec son maître Serigne Touba. Il assuma pour son frère, Serigne Touba, le rôle d’émissaire et représentant au sein de la communauté. Ainsi, en 1895, lorsque Serigne Touba reçut la convocation du Gouverneur Général de l’AOF, il lui remit une lettre à déposer auprès de l’autorité coloniale. Mame Thierno fit preuve de force, de courage et de témérité pour faire parvenir à bon port la lettre en faisant échouer tous les plans des ennemis du Cheikh. Ce périple à Saint-Louis lui suscita l’admiration généralisée auprès de tous les condisciples.La confiance de Serigne Touba à Mame Thierno est telle qu’il lui confia sa famille biologique et spirituelle (les mourides) lors de l’exil. Il s’occupa avec succès de l’érudition de la famille du Cheikh et devint tuteur et Guide de milliers de personnes d’horizons divers ainsi que le référent de plusieurs personnalités de haute facture mystique et spirituelle. Durant les huit années de déportation du Cheikh au Gabon, Borom Darou se chargea de toutes les affaires, de Tout et de Tous, avec une intelligence fine et un courage grandiose. Il fit l’objet de toute sorte de moqueries, railleries et pressions, mais son dévouement et sa confiance aveugle à Serigne Touba ainsi que ses capacités à combiner autorité religieuse et politique lui valurent la sérénité jusqu’au retour triomphal de Cheikhoul khadim. D’ailleurs, les retrouvailles qu’il eut avec son frère à Ndar, constitue une date marquante dans le mouridiyah. Il célèbre ainsi le Magal de Darou Moukhty, le 15ème jour du mois lunaire, Chahbaan.Mame Thierno a montré tout son engagement pour l’affermissement de la foi des talibés envers la confrérie et pour le renforcement de la doctrine mouride. En cela, il reste un bâtisseur à l’aube.Mame Thierno était un musulman attaché aux préceptes de l’islam et sur l’enseignement de Cheikhoul Khadim qu’il considérait non pas comme un frère mais un maître spirituel.Travailleur acharné dans le travail agricole, Borom Darou, est resté toute sa vie durant un grand cultivateur dévoué. Les quarante km² qui ceinturent son village de Darou Moukhty fondé sur la recommandation et la bénédiction de Serigne Touba en est un exemple concret.Borom Darou jouissait d’une confiance sublime du Cheikh, ses missions dans la famille restreinte et élargie de Bamba le montrent à suffisance. De là, Cheikhoul khadim lui donna l’instruction de célébrer, toutes les nuits du Dimanche au Lundi, le Bien Aimé Seydina Mouhammad Sallalahou Alayhi Wasalam (52 semaines). D’ailleurs à Darou, un bâtiment spécial y est construit pour perpétuer ce rituel.Au regard de sa trajectoire faite tant d’attachement envers Serigne Touba, de probité religieuse que d’engagement pour s’occuper de la communauté et enraciner la doctrine mouride, Mame Thierno Birahim reste une source intarissable d’inspiration pour tout aspirant mouride. Ce qui donne encore davantage de sens au slogan « Xam Cerno Jotna ». Puisse Allah renouveller son agrément sur le bras droit incontestable de Cheikhoul Khadim.
Serigne Fallou Salih